Juste avant de quitter
Palmeira nous avons repéré sur internet qu’un blog parlait d’un mouillage très
sauvage à Carriçal, sur l’île de Sao Nicolau. Cela tombe bien car cela nous
fait une étape supplémentaire, nous évitant d’emblée de faire le tour aux trois
quarts de l’île de Sao Nicolau.
Nous partons donc pour une petite navigation de
5h. Nous sommes plein d’entrain : enfin des sauts de puce pour voyager
paisiblement ! On met la musique à fond pour surfer sur les vagues et
Katia en profite pour s’entrainer ! A croire que ça va nous aider car nous avons fait notre meilleure moyenne depuis le départ: 8,7 nœuds.
Avant de partir, nous avons
fait des copies écran des cartes Google maps en vue satellite de la baie de
Carriçal. Il faut dire que les cartes que nous avons du Cap Vert sont vraiment
approximatives. En fait, beaucoup de personnes qui naviguent utilisent le
logiciel libre OpenCPN. Les cartes gratuites datent d’il y a quelques années.
Mais elles sont comme beaucoup de cartes nautiques issues des cartes gratuites
américaines (et oui les américains sont les seuls quasi à mettre leurs cartes
gratuitement en ligne, qui l’eût cru). Et ces cartes ne sont pas toujours très
précises.
Bref, on a trouvé un moyen de faire nos propres cartes nautiques à
partir de Google earth mais pour Carriçal nous n’avons pas eu le temps d’y
procéder. C’est un peu compliqué car comme vous savez, la terre est ronde et
les cartes papier sont plates, et il faut rajouter à cela le protocole GPS…etc…
Donc il faudra s’y mettre mais pour le Cap vert, c’est un peu tard.
le bateau au mouillage à Carriçal sur OpenCPN |
Tout cela pour en arriver
aux faits : nous avons atteint Carriçal en pleine nuit. C’est vraiment
un coin très retiré du monde et autant vous dire que le groupe électrogène qui
éclaire le village ne fonctionne pas tout le temps… Et le seul feu d’approche
s’est éteint assez vite pour cause de recharge photovoltaïque épuisée. Stéph et
moi n’appréhendions pas trop de poser ce mouillage par une nuit presque noire,
mais Jean-François et Katia un peu plus. Tous les deux, nous savions que sans
trop de vent ni de houle, la manœuvre restait assez maîtrisable… Finalement
après trois ou quatre tours, Katia a aperçu aux jumelles un voilier au
mouillage dans l’anse. Parfait pour nous repérer et jeter l’ancre. Une bonne pizza faite maison et hop au lit.
Le lendemain, après une nuit
bien ventée, une lessive à étendre, découverte du village.
C’est vraiment un coin retiré du monde, on
n’a croisé de prime abord presque aucun habitant. Qui plus est nous n’osions
pas trop les aborder, nous sentant un peu intrus dans cet univers. Nous avons
pris le temps de faire le tour du lieu, assez surprenant.
D’abord l’ancienne
conserverie de thon : elle a fermé en janvier 2000 car à cette date,
l’Europe a interdit la soudure des conserves alimentaires à l’étain et au
plomb.
Après, nous avons décidé de monter en haut du village. C'est un champ de pouzzolane !!
Puis ensuite, visite de
l’ancien puits et de l’ancien lavoir, qui ne sont plus en activité.
Petit tour sur la plage où
ici on y laisse les vaches. Partout dans le village il y a des chèvres, des poules
et des chiens.
On se préparait à quitter le
village quand au détour de la maison bleue peinte d’une fresque aux poissons,
un français nous interpelle ! Quelle surprise ! Eric nous demande si
c’est nous qui sommes arrivés hier soir. On commence à papoter et ni une ni
deux, il nous invite chez lui pour un ti-punch. Eric est tout de suite
intarissable. Il nous explique qu’il n’y a qu’un bateau tous les deux mois qui
vient mouiller ici.
Eric connait l’histoire du
Cap Vert et du village par cœur. Depuis plus de 15 ans il vient ici chaque
année. Avec sa femme ils ont beaucoup fait pour le village. Depuis, sa femme est
décédée mais Eric continue à faire les allers-retours chaque année entre la
France et son village d’adoption pour y amener des tonnes de dons avec son
bateau, le Treguern d’eux. Une association a également été créée, voir le site
ICI.
Eric nous a vraiment expliqué les modalités de développement du village des
dernières années : l’accroissement du confort, la réponse aux besoins
fondamentaux (nourriture, eau, électricité, soins…etc), l’augmentation du
niveau de vie malgré la fermeture de la conserverie paternaliste. Aujourd’hui,
le revenu moyen est de 3€ par jour et par cap-verdien.
Après une bonne heure à déguster
des ti-punch, nous sommes repartis gaiement sur M’Alyseoci. J’ai relevé ma
palangrotte, toujours vacante de poisson. Nous avons déjeuné et décidé de
poursuivre la navigation vers Tarrafal.
Quelle rencontre inattendue. Nous
n’imaginions pas parler français dans ce coin si reculé. Mais il va s’avérer
qu’en fait, il y a de nombreux français sur l’Archipel et au moins 75% sur les
voiliers.
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