Mardi 21
janvier :
Après avoir déjeuné et téléchargé une nouvelle fois
les fichiers météo pour la semaine à venir sur ZyGrib et Ugrib, nous larguons
les amarres à 15h. Cette navigation de 800 milles se fait en générale en 5 à 7
jours. Nous sommes contents de partir avec le soleil et de dire au revoir à ce
dernier bout d’Europe.
Pleins d’espoir nous sortons la GV puis le gennaker et
filons jusqu’à 10 nœuds sans houle mais passé une heure, le vent tombe sous les
montagnes sud et il nous faut remettre les moteurs. Le tableau des quarts est
refait. Heureusement que nous passons de plein jour une large zone de
pisciculture, non signalée sur la carte et non balisée.
La nuit est très calme,
nous avons éteint le moteur bâbord (la patate) puis le tribord (l’horloge
suisse) pour avancer au génois. Péniblement nous avançons dans la nuit autour
de 4 nœuds mais au moins c’est tranquille et chacun peut s’acclimater et dormir
paisiblement.
Mercredi 22
janvier :
A 13h, nous avons toujours peu de vent et notre
allure oscille entre 4 et 10 nœuds sous GV et génois = vent arrière / grand
largue. C’est grand soleil. Nous sommes obligés d’empanner à peu près toutes
les 3 heures vue l’indécision et la faiblesse du vent. Nous avons une petite
houle désordonnée mais qui nous laisse tranquille.
Gennaker (par maxi 15 noeuds de vent) |
Grand voile (GV) |
Vers 15h, le lève se lève : 15 nœuds apparents
(vent apparent = vent réel – vitesse du bateau), régulier. Toujours peu de
houle et on file à 8 nœuds. Parfait ! Quelle belle navigation. Stéphane
fait une sieste de 2h. A 17h, on sirote un thé au soleil qui nous offre 21°.
Notre vitesse moyenne a été de 5,2 nœuds sur les dernières 24h.
Jeudi 23
janvier :
Je prends mon quart à 3h, nous avançons autour de
5,5 nœud, toujours vent arrière. Désormais, de jour comme de nuit la
température extérieure est autour de 20 degrés. Il fait bien noir car les
nuages nous cachent la lune et les étoiles. Dans ces moments, les sens autres
que la vue se développent et le corps prend le rythme du bateau. Comme d’habitude,
je joue un peu à Candy Crush sur mon Iphone puis je lis à la lampe frontale
(rarement pendant les quarts), je médite (eh oui…), et je m’assoupis (d’où la
nécessité de régler une alarme tous les quarts d’heure). Certains mangent aussi
mais pas moi. Il en serait sans doute autrement si nous devions faire des
quarts plus longs et dehors à la barre.
En début de matinée le temps change. On savait vu
les fichiers grib, que le vent allait bien monter… Qu’est-ce que la météo va
nous réserver… ? A 10h, la houle est de 3 mètres ; nous avons vent
arrière à 20 nœuds. Tout l’après-midi le vent monte et la houle forcit. Les
rafales atteignent 30 nœuds et M’AlyséOci enchaine les surfs sur les vagues qui
parfois viennent déferler et cogner entre les coques en faisant un bruit
impressionnant.
La soirée et la nuit se poursuivent sur le même
mode. Nous sommes surpris de ne pas être vraiment malades. Pour moi ça va car
en fait je ne suis quasiment jamais malade. Mais pour le capitaine, c’est un
peu différent : à 21h la GV est affalée et un demi-génois est laissé au
vent. Comme à chaque fois qu’il doit faire des manœuvres par gros temps en pied
de mât, ça se finit par un vomi dans le seau…
Vendredi 24
janvier :
La nuit est vraiment difficile. Si nous avançons de
5 à 6 nœuds, il faut subir des creux de 6 mètres et des rafales de 35 nœuds !
Donc du force 7 sur l’échelle de Beaufort !! J’avoue que moi j’ai eu un
peu peur. Mais la qualité du bateau combinée à la prudence (veille et réduction
de la toile), nous prouvent que nous sommes loin des limites. En journée, il
fait grand soleil. Dommage que l’on ne puisse pas profiter de l’extérieur, ni
mettre en route le dessal, ni pêcher à la traine… Notre vitesse moyenne est de
6 nœuds, nous avons franchi la moitié de la distance à parcourir (400 milles).
22h : il fait nuit depuis 19h30 UTC. Stef
avait le mal de mer et moi mal à la tête. On s’est couché un peu vers 19h. Pour
éviter au capitaine de penser au mal de mer, je lui ai parlé des enfants, de ce
qu’on aurait été en train de faire avec eux quatre à la maison si nous avions toujours notre vie à terre.
La houle est moins forte cette nuit. Mais on surfe
beaucoup. On est entre 5 et 6 nœuds de moyenne, au large de Cap Blanc en
Mauritanie.
Samedi 25
janvier :
Je prends mon quart à 7h. Depuis 2h, ça secoue à
nouveau. Avec Jean-François qui va se coucher, on discute deux minutes et on se
félicite encore du bateau et des quarts à l’abri. En début d’après-midi le
soleil est encore au rendez-vous. Mais c’est bien le seul : aucun autre
bateau à l’horizon ni aucun animal marin… La journée passe est maintenant on a
hâte d’arriver.
Dimanche 26
janvier :
Stef et moi prenons nos deux quarts ensemble,
démarrage à 1h. A 3h, le vent et la houle montent. Toute la journée, la houle
désordonnée va alternativement forcir puis se calmer. Toute la journée aussi le
capitaine est malade. Il l’aura plus ou moins été tout au long de cette
navigation et ça le contrarie. Ainsi la phrase suivante restera culte, prononcé
au petit matin, dans la cabine : « Est-ce que tu peux fermer ce
hublot, ça sent la mer ! ».
Tout le monde est de bonne humeur car on sait que
l’arrivée est pour aujourd’hui. On va guetter pendant des heures la terre que
l’on ne distinguera que tardivement dans le ciel laiteux. A 10h30, nous sommes
à 20 milles du port de Palmeira sur une des îles au vent du Cap Vert, les « Barlaventes ».
Le ciel est gris, il y a peu de vent, il fait 22 degré. Chacun attend.
Heureusement, on a le pavillon du Cap vert à faire,
d’après les infos envoyées par SMS de Juliette. Il faut avouer que l’on pensait
avoir le modèle sur le guide nautique de l’Atlantique mais finalement non… Zut !
Notre pavillon fait à deux se révélera presque juste.
Vers 15h, nous entrons dans la baie de Palmeira et
d’emblée nous resentons le dépaysement en distinguant la nonchalance et les
couleurs du village. Ici, le mot créole prend tout son sens, sur ces cailloux
arides, et ici à Sal, entre Afrique, Brésil et Portugal… D’ailleurs, le bateau
est rouge de sable. Que va nous réserver le pied posé à terre ?
Finalement, cette navigation aura été difficile,
comme la précédente. Si les enfants avaient été là, il est évident que vu la
météo que nous avions prises, nous aurions attendu une semaine. Mais vu notre
calendrier, nous avons pris la mer.
Si nous avons un enseignement à tirer c’est
que les fichiers grib de l’Atlantique ne sont pas aussi fiables que nous
l’attendions ! Il faut rajouter 5 nœuds aux estimations et le vent s’est
levé plus tôt que prévu. D’un autre côté, les fichiers grib ne peuvent être
que perfectibles puisqu’ils sont élaborés à partir de modélisation
mathématiques… Il faut donc toujours essayer de bien voir une approche globale
des choses : globale du temps sur une certaine échelle, globale des
éléments… Stéphane a aussi compris le système de « pulsions » des
Alizés qui démarre aux Canaries quand il a étudié plus avant la période
venteuse que nous avons connue.
Allez hop, profitons maintenant de Cabo Verde avant
la Transat !
Magnifique drapeau :-D !
RépondreSupprimerC'est chouette on voyage depuis son siège de bureau et avec le mal de mer en moins ^^
Cette partie de voyage n'était pas vraiment de tout repos!! J'espère que vous serez plus tranquille pour la transat!