dimanche 16 mars 2014

Retour sur la transat

Récit et images de la transat

Comme promis, voici quelques photos de notre transat de 2116 milles qui a finalement duré 15 jours, agrémentées en bas de page de l'écrit que Stéphane a préparé.

Lundi 17 février:
A 18h enfin nous appareillons. A la VHF, Stéf salut les gens du mouillage. Nous espérons les retrouver dans quelques jours ou quelques semaines de l'autre côté !

Les provisions de tomates, entre autres !

Départ de Mindelo sous un ciel gris

Mardi 18 février:
La journée est difficile pour les corps car il faut s'amariner à nouveau. Il y a de la houle, comme nous le savions vu les fichiers météo. Normalement ça devrait se calmer mais nous avons soit le mal de mer, soit mal à la tête. En effet, la houle oblige le corps à sans cesse s'adapter et nous avons mal aux cervicales.
Compensation: nous avançons bien, à plus de 6 noeuds!



Mercredi 19 février:
Enfin voilà le soleil. Depuis hier, nous sommes à la Grand voile et à bonne allure dans le vent qui oscille entre 15 et 20 noeuds. Nous avons tous sortis nos bouquins à lire...
Grand voile et génois

Et maintenant, y'a plus qu'à attendre...
Jeudi 20 février:
Nous avons croisé un petit voilier, Fasta 3, de 30 pieds, et un cargo.
Nous avons récupéré deux petits poissons volants sur le pont. Un minuscule et un autre de 20 cm qui fera office d'appât... Toutefois, nous allons sans doute trop vite et il y a trop de houle pour que la pêche soit fructueuse.
Au loin, j'aperçois 4 ailerons de dauphins noirs.


Nous n'avons presque rien pêché !
Vendredi 21 février:
Nous avons consommé trop d'eau et le premier réservoir est déjà vide! Il va falloir faire plus attention, même si nous avons le dessalinisateur... Stéphane a mal à la tête toute la journée puis le mal de mer. En fin de journée il s'offre une petite bière et découvre que celle-ci fait disparaitre tous ses maux! En voilà un remède. Le soir, on regarde le film Invictus sur Nelson Mandela réalisé par Clint Eastwood.

Au total, cinq bateaux aperçus, dont un petit voilier



dans le creux de la vague
en haut de la vague
 

Samedi 22 février:
Nous aperçevons encore un cargo. Nous sortons le génois et envoyons le dernier ris sur la GV.
On hésite à mettre le gennaker, il y a trop de vent.
Etant donné que nous n'avons pas encore refait d'eau douce, nous les filles ne nous sommes sommes pas lavés les cheveux depuis 5 jours ! Mais que dirait Nabila ! Stéf va modifier l'alimentation du dessal pour pouvoir le mettre en route malgré la houle.



Dimanche 23 février:
RAS. 
Il y a eu de la houle cette nuit et ce matin. Le vent apparent oscille entre 10 et 15 noeuds. Je rêve d'une mer plate ! Les corps fatiguent à être toujours balottés. Pourtant nous ne faisons pas grand chose. D'ailleurs je pense que Stéf et moi avons bien pris un ou deux kilos chacun pendant ces 15 jours...
Ah si, événement important: on prend une douche et on s'autorise à se laver les cheveux.

Lundi 24 février:
7h: je termine mon quart. Il y a des nuages gris très bas et pour une fois la mer est calme. Cela crée une ambiance étrange. Le vent est retombé: seulement 5 à 10 noeuds apparent.
A 10h: premier grain mais rapide.
Vers 16h, on regarde le film Cocktail, avec Tom Cruise, histoire de faire avancer le temps...
En fin de journée, on se décide à mettre le gennaker, il fait beau. Mais au bout d'une demi-heure, il explose littéralement. La toile était trop légère et cette voile trop fragile. Au départ, ce gennaker allait sur un monocoque. Bon, mais il va falloir un retrouver un aux Antilles...

Le gennaker issé pour une demi-heure mais qui a ensuite littéralement explosé 
 


Mardi 25 février:
La moitié du parcours est réalisée mais que c'est long !
D'ailleurs, ceux qui pense que l'on est hors du temps dans une telle situation se trompe totalement. On ne fait en fait que penser au temps qui passe. Tic tac, tic tac. On pense à ceux qui sont à terre, à ce qu'ils font, on pense à notre vitesse par heure, au soleil et à la lune qui montent et qui descendent, aux changements d'heure... etc.
Notre vitesse a ralenti. Maintenant, on prend les ris sans se mettre face au vent. Lorsque la nuit tombe, les alizés changent légèrement de direction.

Mercredi 26 février:
Aujourd'hui on recule encore d'une heure. Il y a un grand soleil au lever. Stéf et moi, on se fait un maxi petit déj qui nous remonte le moral: oeuf bacon fromage!
Cette nuit Stef a rêvé qu'il trouvait un mouillage de rêve. Et moi, devinez de quoi j'ai rêvé ?! Alors, j'ai d'abord rêvé que Stéf nous rapportait du Saint Nectaire en vélo. Et ensuite que j'allais faire du shopping aux Galeries Lafayette ! J'avoue, j'ai un peu honte... Souvent aussi je rêve que je dois repasser des examens à la fac et que c'est toujours la galère car je n'ai as assez révisé !
Vers 10h, on lance Alfonse, notre rapala calamar, dans l'eau. Au bout de 5 minutes, il se fait repéré par un fou de bassan qui tourne autour pendant 10 minutes. Fonce Alfonse ! Mais pas de poisson pêché.

Avouons que c'est un peu long...
Jeudi 27 février:
La nuit a été houleuse et nous a pas mal empêchée de dormir.
La GV est toujours en place. On attend, on a hâte d'arriver...

Vendredi 28 février:
Houle de 4 mètres. On est moyennement en forme. Vers midi, on croise ce qui nous semble être une énorme bouée météo. A la dérive? Mystère.
Vers 19h30, on empanne mais zut alors, le chariot de tétière de la GV se casse une nouvelle fois dans une rafale. Par précaution, on affale la GV et on sort juste le génois.
Une énorme balise météo d'au moins cinq mètres passée à moins de 100 mètres du bateau.


Samedi 1er mars:
A 7h je suis de quart. Il y a un grand soleil et il fait déjà 26 degrés dedans et dehors. Il y a moins de houle et c'est tant mieux!

Il y a entre 5 et 13 noeuds de vent apparent et le génois nous porte à 6 noeuds, c'est agréable.
Enfin je lis Bernard Moitessier, aventurier navigateur: Vagabond des mers du sud. Ses livres sont une référence pour ceux qui souhaitent partir voyager à la voile .

A l'époque, dans les années 50 et 60, on voit bien qu'il y avait encore abondance de faune et de poissons, au mouillage comme au large. A vue d'oeil on pouvait observer pêcher des maquereaux, des perroquets, des poissons volants, des dorades... ce temps est révolu... Confère les bateaux de pêche intensive qui eux même sont aujourd'hui abandonnés dans les ports. Le Cap'tain Igloo c'est fini! Eh oui, les bateaux usine ont raflé tout le poisson. Et les océans sont bien décimés.



Dimanche 2 mars:
Le vent a molli: entre 5 et 10 noeuds apparent. On commence à se trainer: autour de 3 à 4 noeuds, et vu sons habitudes...
Dans la matinée, Stéf refait un chariot de tétière avec deux petits anciens.
On remet la GV après ma,ger mais elle claque beaucoup. En fin d'après-midi et faute de vent et de gennaker, on met en route les moteurs... Pendant la nuit, on ne laissera tourner que le moteur babord, l'horloge suisse.

Tétière de Chariot de GV encore cassée...
Nouvelle tétière confectionnée avec deux petits chariots





Lundi 3 mars:
Avec moins de vent, les journées sont de plus en plus chaude, environ 30 degrés.
Vers 15h, nous arrêtons les moteurs et plongeons dans l'océan! Cela nous fait vraiment du bien et nous remonte le moral!









Mardi 4 mars:
Il est 6h en Martinique et nos montres sont à l'heure. Il nous reste 109 milles à parcourir et on avance bien.
Vers 13h, la patate fait encore des siennes et perd de l'huile. Et nous n'avons plus d'huile... Stéf répare encore et on remet l'huile qui s'était vidée dans le compartiment...
A 16h, nous sommes à 17 milles des côtes et on aperçoit enfin la Martinique !

ça y est, voilà la Terre !


Ben là, on est vraiment heureux !!
A 22h15 ça sent la terre, on a encore 5 milles à faire !
23h09: on pose le mouillage à Schoelcher, devant la plage de l'hôtel où Klervi et Charles sont depuis hier.

On est vraiment content d'arriver de l'autre côté! On l'a fait !

Pour ma part, à partir du moment où on ne voit plus les côtes et que l'on navigue 4 jours, 8 jours ou 15 jours, l'état d'esprit est les même. On cherche des repères temporels pour rythmer la journée. On ne peut s'empêcher de scruter l'océan et laissant divaguer son esprit et en espérant entrapercevoir quelque chose. Mais difficile d'imaginer que Moitessier a parcouru 14000 milles sans escale!
Arrivée vers 23h à Fort de France

Bilan de la Transat par Stéphane:

Idée reçue :
La transatlantique c’est l’expérience unique de l’homme face à la mer , l’immensité de l’océan a la vie pure et infinie sombre et inconnue forte entière énigmatique, ou l’homme pour la franchir doit ne plus faire qu’un avec elle et son bateau, il ne peut pas tricher pas trahir enfin seulement il sera en phase avec lui-même et avec la vie il y découvrira l’émerveillement dans l’expérience intérieure de son âme face à la grandeur cosmique de la nature.  Bin tout ça c’est bien beau mais c’est des conneries !!!
La transat c plutôt long fatiguant énervant on si sent seul parfois prisonnier, souvent, baloté tout le temps, on y trouve une certaine saveur, mais pas un salut en soit dans cette expérience que nous avons soigneusement préparée, et le seul défi à mon sens est humain et technique.

La mer L’océan atlantique :
La longue houle de l’atlantique qui vous bercera et vous transportera tel un bouchons vague après vagues jusqu’à la caraïbe. Ce n’est pas exactement ça, en réalité oui elle existe cette houle nous l’avons bien vue, 3 jours sur les 15 de notre transat. Le reste du temps sa s’coue c’est haché, croisé, tout ce que vous voudrez, mais a défaut d’être confortable elle a toujours étais navigable.

Le vent l’alizé
Bin juste un mot : ça souffle, et tout le temps dans la même direction toujours entre 17 et 25 nds. Un peu plus fort la première semaine que la seconde. Mais carrément plus rien les deux derniers jours…

Le temps le soleil la chaleur et les grains
Nous avons eu de la chance et pas eu de grain violent qui nous aurais obligé à des manœuvres de voile en pleine nuit, seulement quelques grosse averses qui poussées par des nuages gris et bas ont à chaque fois accéléré un peut l’alizé.
Au départ du Cap vert il ne faisait pas très chaud pour une zone tropicale et le changement fut vraiment perceptible de jours en jours et la tropicalisation de l’alizé vers les Antilles a pris tout son sens. Les degrés montaient le soleil est apparu de plus en plus souvent, et à la fin ils étaient là !

L’humain
Tout d’abord une transat n’est qu’une expression de sa confiance en soi et de celle que l’on porte à ceux qui nous accompagnent. Dans tous les cas je trouve que cette confiance est indispensable à la réussite de cette étape, au milieu de l’atlantique nous ne pouvons que compter sur nous. Tout n’est pas rose pour autant, confère la promiscuité !
La bonne nouvelle c’est que caroline est moi nous accordons vraiment bien et nous avons étais très proche durant ces deux semaines, ce qui n’a pas toujours était aussi évident avec nos équipiers, mais quoi de plus naturel quand on est h24 avec des personne extérieure a notre petit cercle qu’au bout de deux mois les petits travers, la façons de s’exprimer de faire des choix vous parait alors soudainement insupportable. La conclusion que nous en avons fait est qu’il est indispensable de bien choisir ses équipiers et de parfaitement être sûr qu’ils adhèreront et seront en accord avec vos principes de vie, dans notre cas nous avions sous-estimé un poste dans notre sélection d’équipier potentiel, à savoir la capacité à apprécier et apprécier de réaliser de bon petit plats. Choses qui peut paraitre puéril de première abord et en réalité un vrai problème quand le quotidien du bord tourne autour de ces moments de convivialité ou encore lorsque il faut faire les approvisionnements. A ce sujet nous avons découvert (surtout Caroline) qui a dû le relire a peut près douze fois et avec à chaque fois l’eau à la bouche, notre bible et notre gourou en Michele Meffre avec son Guide de la cuisine à bord et vogue la cambuse.

Le bateau
Enfin pour traverser l’atlantique il faut surtout un bateau. Je pense sincèrement que n’importe quel objet flottant est à même de pouvoir traverser plus ou moins vite sans trop de difficulté pour peu que l’on ait travaillé sont endurance, sa résistance. Après ce dont il faut être conscient c’est sa capacité personnelle à vivre secoué dans un espace et un confort limité. Pour nous de ce côté nous n’avons pas eu à nous plaindre, mis à part quelques bricoles à réparer nous avions toute l’eau que nous voulions, suffisamment de cabinse pour que chacun ait son espace. Notre catamaran qui n’est pas forcément le bateau le plus adapté à toute les navigations mais qui répond parfaitement a nos besoins en terme de confort d’espace et de sécurité (notre maison maintenant) et un bateau plutôt stable qui offre un gréement puissant, une vue a 360 depuis le carré qui nous évite d’être a l’extérieure pour les quarts, et suffisamment d’autonomie au moteur ce qui nous permet d’éviter de dériver en attendant le vent.  Pour ce qui est de sa préparation je pense que nous avons fait les bons choix en essayant de le rendre en parfait état de navigation et d’autonomie énergétique avant notre départ. Nous n’avons pas faute de temps et de moyen mis en place tous les éléments de sécurité et de communication auquel nous avions pensé lors de la préparation mais rétrospectivement je pense qu’il vaut mieux de toute façon mettre ces moyens dans la qualité et la fiabilité de son bateau plutôt que dans ces organes de sécurité.

La navigation
Facile : nous avons établi notre grand voile bâbord amure puis pris un ris et hop 15 jours comme ça (je simplifie mais à peine)

Conclusion
Même si maintenant je peux dire que nous avons traversée l’atlantique qui plus est sur le bateau que j’ai construit ce défi n’appartient pas qu’à moi, il est vraiment partager avec Caroline qui un jour m’a simplement dit on y va ! Mes enfants qui dans leurs regards commentaires expressions et émerveillement m’ont toujours donné envie d’aller de l’avant et aussi celle de notre entourage nos parents et famille qui nous ont vraiment soutenu et aidé dans ce projet, et le résultat positif de cette partie de notre voyage n’est que l’addition de toute ces bonnes volontés petits gestes ainsi qu’attention gratuite.



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